Le Coran, tu t'abreuveras !

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Signes antérieurs à la Révélation

 

Préambule : Ces événements miraculeux, ces témoignages de la bénédiction et de la protection divine sur le Prophète dès l'enfance, connus grâce à des témoins divers (Halîma, Hârith, Abû Tâlib) ou racontés par le Prophète lui-même, ne peuvent nous laisser indifférents. On peut toujours émettre des réserves mais dès lors que l'on regarde l'histoire avec l'œil de la foi, un fait extraordinaire n'est plus un fait impossible ou d'authenticité douteuse mais peut tout à fait correspondre à un événement réel relevant du miracle. Dieu est plus savant que nous en la matière...

Ces signes s'étalent sur trois périodes : avant la naissance de l'Envoyé, pendant son enfance, durant sa vie adulte jusqu'à ses quarante ans.

 

I - SIGNES PRÉCÉDANT
LA NAISSANCE DU PROPHÈTE

L'annonce de la naissance

Tabarî rapporte que Âmina, mère du futur prophète, vit en songe un ange qui lui dit : « Celui que tu portes dans ton sein est le plus grand de tous les hommes et la plus noble de toutes les créatures ; quand tu en seras délivrée, donne-lui le nom de Muhammad et prononce ces mots : « J'ai recours pour lui au Dieu unique, contre la mauvaise influence de tout envieux. » ».

Cette annonce n'est pas sans nous rappeler que le Tout Puissant, à plusieurs reprises, et de différentes manières, informa les mères des futurs prophètes en imposant le nom du bébé qu'elles allaient mettre au monde. Ce fut le cas pour Hagar quand l'ange du Seigneur lui dit : « Voici que tu es enceinte et tu vas enfanter un fils, tu lui donneras le nom d'Ismaël... » (Gn.16, 11), ou pour Abraham: « Ta femme Sara va t'enfanter un fils et tu lui donneras le nom d'Isaac » (Gn.17, 19). De même, quand Gabriel s'adressa à Zacharie, père de Jean, le Baptiste : « Mais l'ange lui dit : Sois sans crainte, Zacharie, car ta prière a été exaucée. Ta femme Élisabeth t'enfantera un fils et tu lui donneras le nom de Jean. » (Lc.l, 13) ou encore quand l'Archange s'adressa à la Vierge Marie : « Voilà que vous concevrez dans votre sein, et vous enfanterez un fils à qui vous donnerez le nom de Jésus » (Lc.1, 31)

Rien de surprenant par conséquent, que Âmina. mère du Sceau des prophètes, en fut avisée à son tour.

 

L'année d'une victoire mémorable

La naissance du Prophète de l'Islam eu lieu le lundi 12 du mois de Rabî' al-awwal qui, selon la correspondance établie entre le calendrier arabe lunaire et le calendrier solaire grégorien, correspondrait au mois d'août (20 ou 29) selon les sources, de l'année 569 ou 570 de l'ère Chrétienne". Que ce soit en l'an 569 ou 570, tous les historiens sont d'accord pour affirmer qu'il naquit dans l'année dite « de l'éléphant », ainsi surnommée, depuis que le vice-roi du Yémen, Abraha, avait voulu détruire la Ka'ba avec son armée à la tête de laquelle se trouvait un éléphant. L'histoire raconte que, arrivé aux portes de Makkah, l'éléphant s'agenouilla et ne voulut avancer davantage dans le territoire sacré. Il se releva lorsque l'armée fit mine de rebrousser chemin, mais dès qu'elle reprit la direction de Makkah, il s'agenouilla à nouveau, et il fut impossible de le faire avancer malgré les coups plus ou moins rudes qu'on lui infligea. Abraha qui n'interpréta pas le comportement de l'animal, ordonna à ses soldats de continuer la progression sur Makkah. C'est alors que le ciel fut rempli d'une nuée d'oiseaux nommés abâbîls, portant chacun trois petites pierres, une dans le bec, les deux autres aux pieds, qu'ils laissèrent tomber sur les assaillants. Elles atteignirent leurs cibles avec une telle force, que casques et cuirasses furent percés. L'armée Chrétienne épouvantée prit la fuite et la Ka'ba resta inviolée sans aucune intervention militaire des Mecquois qui retranchés dans les montagnes alentours. Le Seigneur s'était chargé de défendre Sa maison sacrée. Quand cet épisode fut mentionné quarante ans plus tard dans le Coran, il y avait encore à Makkah des témoins oculaires de cette victoire sans combat.

 

Le père miraculé

Le père de l'Envoyé, s'appelait 'Abdallah, fils de 'Abd-al-Muttalib, de la tribu des Quraych, du clan des Beni Hâchim. 'Abd-al-Muttalib, réputé pour sa sagesse, était considéré comme le chef du clan de Hâchim et chef officieux des Quraych. Il se disait hanîf car, comme eux, avait rejeté le culte des idoles et n'adorait que Dieu seul.

La vie de 'Abdallah fut brève puisqu'il mourut vers l'âge de vingt cinq ans, et ce, pendant la grossesse de sa femme Âmina. La tradition nous le présente comme un miraculé. 'Abd-al-Muttalib avait en effet prié le Seigneur et Lui avait promis, si sa prière - dont le contenu diverge selon les récits - était exaucée, de Lui sacrifier un de ses fils. Le Seigneur l'éprouva en lui donnant satisfaction. ' Abd-al-Muttalib, en homme d'honneur devait donc s'exécuter. Ne pouvant se décider sur le fils à désigner pour le sacrifice, il s'en remit au devin des Quraych pour procéder à un tirage au sort. La fléchette désigna 'Abdallah. Le grand- père du Prophète était partagé entre la parole donnée et son amour pour son benjamin mais semble- t-il, allait procéder au sacrifice. Finalement, devant l'hostilité de ses proches face à un tel projet, il fut d'accord pour consulter une devineresse de Khaybar. Sur les conseils de celle-ci, il pria Dieu d'accepter, comme sacrifice expiatoire, dix chameaux, en remplacement du jeune homme puis fit procéder au tirage au sort. Chaque fois que le sort désignait 'Abdallah, dix chameaux étaient ajoutés. Le sort le désigna neuf fois, ce qui porta à cent le nombre de chameaux nécessaires pour le racheter. Par acquis de conscience 'Abd-al-Muttalib exigea encore trois autres tirages. Le sort continua de désigner les chameaux. Il fut ainsi rassuré et conclut que le Seigneur avait accepté l'immolation des bêtes en compensation du sacrifice de 'Abdallah.

Le père du Prophète fut donc sauvé in extremis à l'instar de son ancêtre Ismaël, fils d'Abraham. C'est à ces deux évènements que le Prophète de l'Islam faisait allusion lorsqu'il disait : « Je suis issu de deux miraculés ». Dans un cas comme dans l'autre, Dieu accorda à cha que père une rançon : un mouton en remplacement du sacrifice d'Ismaël, cent chameaux pour épargner Abdallâh.

 

Le rayon de lumière divine

`Abdallâh, n'était pas célèbre uniquement pour cet épisode. De toutes lèvres, il était d'une rare beauté et avait, paraît-il, ce rayonnement dont Dieu pourvoit certaines de Ses créatures. Waraqa Ibn Nawfal, le vieillard le plus érudit de Makkah - il connaissait, le syriaque, l'arabe, et l'hébreu - avait retenu de ses pieuses lectures dans la Bible, qu'un prophète allait bientôt naître en Arabie. Or, Waraqa avait une sœur qui prêtait une oreille attentive à ses enseignements. Un jour, alors que `Abd-al-Muttalib accompagné de `Abdallâh passa devant elle, celle-ci fut frappée par l'éclat qui émanait du front de ce dernier. Persuadée qu'il s'agissait d'un signe surnaturel, digne d'un futur prophète, elle eut à son égard un comportement quelque peu inattendu en ces lieux et à cette époque. Elle l'interpella puis lui signifia qu'elle serait prête à l'épouser. Or, `Abdallâh se rendant justement à son mariage passa son chemin. Quand, le lendemain il la croisa à nouveau, son attitude si indifférente le surprit tant, qu'il lui en demanda la raison. Elle lui répondit : « La lumière qui était avec toi hier t'a quitté ; c'est pourquoi je n'ai plus besoin de toi aujourd'hui. » Que s'était-il passé ? Ibn Ishaq explique que lors de la conception du Prophète, `Abdallâh transmit « sa lumière » à son épouse Âmina, lumière qui jaillit d'elle et dans laquelle elle vit les forteresses de Busrâ en Syrie". Tabarî nous dit que cette lumière sortit du Prophète lorsqu'il vint au monde". Quels que soient les récits, tous signalent la présence d'un éclat singulier sur le front de `Abdallâh. Âmina en avait hérité et la sœur de Waraqa avait compris qu'il était trop tard pour elle.

Annonce de la naissance « du plus grand de tous les hommes... » dans une cité sacrée - sur laquelle le Seigneur veille jour et nuit - d'un père miraculé portant sur son front une insolite lueur, voilà des signes qui nous exhortent à nous interroger sur l'être qui allait naître. Nous pressentons qu'il ne pouvait être ordinaire. C'est ce que nous allons découvrir au fil des évènements de son enfance.

 

II - SIGNES DE L'ENFANCE DU PROPHÈTE

Afin de soustraire son nourrisson de l'air malsain de Makkah responsable d'épidémies et d'une grande mortalité infantile, Âmina le confia, quelques mois après sa naissance, à une nourrice bédouine qui l'éleva dans le désert où l'air était beaucoup plus pur. C'est là que le futur prophète, comme tous les enfants de notables, passa ses premières années.

 

La bénédiction sur la famille de Halîma

Durant son allaitement, le Prophète donna des preuves sur sa prophétie dont Halima fut témoin et les décrit comme suit:

«J'ai quitté mon village en compagnie de mon mari et de notre petit fils qui prenait encore le sein. Je cherchais, à l'instar de quelques femmes de Bani Sa'd, à travailler comme nourrice. Nous souffrions d'une année extrêmement infertile qui ne nous a rien gardé. Bref, on a quitté notre pays à dos d'une ânesse et emmené une chamelle extrêmement maigre. Notre fils avait faim et n'arrêtait pas de pleurer. Il nous empêchait de dormir la nuit et j'étais incapable de le nourrir, tant mes seins que les mamelles de la chamelle étaient à sec.

 

Mais nous espérions que la pluie allait tomber et nous délivrer. Arrivés à la Mecque, toutes les femmes qui m'accompagnaient refusèrent de servir de nourrices au Prophète, parce qu'il était orphelin. En fait on espérait obtenir des bienfaits du père du garçon. Toutes les femmes réussirent à obtenir un enfant à nourrir sauf moi. Lorsque nous décidâmes de rentrer à notre village, je dis à mon mari: «Je jure par Allah que je déteste retourner chez moi sans nourrisson. Je vais accepter le petit orphelin». Mon mari accepta et me dit: «Vas-y, prends-le, Allah pourra bien nous accorder une bénédiction grâce a lui». Je partis donc prendre le Prophète pour la seule raison que je n'avais pas trouvé d'autre. Lorsque je revins et le déposai sur mes genoux, mes seins lui fournirent tout le lait dont il avait besoin jusqu'à ce qu'il se fut désaltéré; je nourris également son frère de lait jusqu'à satiété. Mon mari alla à notre chamelle et la vit regorgeant de lait. Il la traya et nous bûmes de son lait tous les deux; nous sommes endormis rassasiés. Le lendemain, mon mari me dit: «Halima, je sens que le Seigneur nous bénit.» Je l'espère, répondis-je.

 

Nous quittâmes ensuite l'endroit où nous étions. Je montai sur mon ânesse portant le Prophète, qu'Allah le bénisse et le salue, dans mes bras. La bête fit preuve d'une telle force et d'un tel zèle qu'aucun âne n'aurait fait de même. Mes amis furent si surpris qu'ils me dirent: «Bint Abi Zou'ayb, malheur à toi, laisse reposer ta monture. N'est-ce pas l'ânesse que tu montais?». Si, répondis-je, je jure que c'est la même ânesse.»

 

Nous arrivâmes ensuite à nos domiciles; il n'y avait pas de terre plus aride que la nôtre. Pourtant, mes brebis rentraient du pâturage regorgeant de lait; on les trayait et buvait de leur lait alors que personne d'autre n'obtenait une goutte de lait. Nos voisins disaient à leurs bergers: «Malheur à vous, emmenez le bétail à l'endroit même où le berger de Bint Abi Zou'ayb emmène les brebis. Mais leur bétail rentrait affamé, ne déversant aucune goutte de lait alors que le nôtre rentrait rassasié, regorgeant de lait. Nous avons continué à jouir de ces bienfaits jusqu'à ce qu'il ait atteint ses deux ans, âge auquel l'enfant devrait être sevré. Il grandissait différemment des autres enfants.

 

A deux ans, il était déjà un petit garçon robuste et fort. Nous allâmes à la Mecque, pour le rendre à la mère alors qu'on espérait de tout cœur le garder avec nous pour continuer à jouir de sa bénédiction. Nous parlâmes avec sa mère et j'essayais de la convaincre en disant: «II vaut mieux que votre fils reste avec nous jusqu'à ce qu'il devienne robuste car je crains pour lui l'épidémie de la Mecque». On insista jusqu'à ce qu'elle accepta et nous le récupérâmes. »

 

L'épisode des deux anges

Hârith et Halîma avaient laissé les enfants jouer derrière leur campement quand au bout d'un moment,' ils virent leur fils revenir, effrayé. Il criait, que deux inconnus, vêtus de blanc, s'étaient emparés de son frère quraychite, l'avaient jeté à terre, ouvert son ventre et étaient en train de le vider. Affolés, ils laissèrent tout pour le suivre. Arrivés sur les lieux, ils trouvèrent le futur envoyé, seul, blême, mais sans trace de blessures. Pourtant, il confirmait les propos déjà entendus. Plaisanterie d'enfant ? Or, adulte, le Prophète confirma l'événement : « Deux hommes vinrent à ma rencontre ; ils étaient vêtus de blanc et tenaient un bassin d'or rempli de neige. S'étant saisi de moi, ils me fendirent la poitrine, en sortirent le cœur qu'ils fendirent à son tour pour en extraire un caillot noir qu'ils jetèrent au loin. Puis ils me lavèrent le cœur et la poitrine avec la neige » et il ajouta : « Satan touche tous les fils d'Adam le jour où leur mère les met au monde, à l'exception de Marie et de son fils » puis ils refermèrent le tout.

Cet épisode de l'ouverture de la poitrine par les anges fut rapproché des versets 1 à 3 de la sourate intitulée « L'ouverture » :

« N'avons-Nous pas ouvert pour toi ta poitrine ? Et mis à bas de toi ton fardeau qui écrasait ton dos ? » (S.94, 1/3)

Ce récit hautement symbolique est généralement interprété en parabole. Etienne Dinet pense que Dieu débarrasse de cette façon, dès le plus jeune âge, son futur messager « du fardeau de l'idolâtrie » en « ouvrant sa poitrine à la joie de la vérité monothéiste ». On peut dire aussi que le futur prophète fut par cette opération « concrètement préparé à recevoir les révélations dès son enfance » en subissant « surtout une purification morale (qui) se manifesta matériellement pour être à la portée des hommes »."

Cet incident inquiéta au plus haut point Hârith et Halima. Craignant que leur fils adoptif soit sous l'emprise de Satan et encore en danger, ils décidèrent de le ramener à sa mère. Celle-ci l'éleva jusqu'en 576, date à laquelle elle décéda.

Muhammad fut alors recueilli par son grand- père 'Abd-al-Muttalib mais celui-ci mourut à son tour deux ans plus tard. Avant de disparaître, il avait néanmoins désigné un de ses fils Abû Tâlib* pour veiller sur son neveu car il était frère germain de `Abdallâh.

L'enfant s'attacha et aima profondément cet oncle. Vers l'âge de douze ans, ne voulant se séparer de lui ne serait-ce que pour quelques mois, il le supplia de l'accompagner dans un de ses voyages commerciaux vers la Syrie. Devant l'insistance de son neveu, Abû Tâlib accepta. Les biographes nous rapportent de cette expédition un récit mémorable.

 

Le premier voyage en Syrie

La caravane partit vers le nord et arriva à Busrâ, première ville au sud de la Syrie, où les marchands avaient pris l'habitude de faire une halte. Non loin de ce lieu se trouvait un couvent occupé par un moine chrétien du nom de Bahîra. Alors que celui-ci ne prêtait d'ordinaire aucune attention aux marchands de passage, ce jour là, il les convia à s'asseoir à sa table, précisant qu'il désirait que toute la caravane, aussi bien les plus jeunes que les plus âgés, hommes libres ou esclaves soient présents à l'invitation.

En quel honneur ?

En regardant avancer la caravane d'Abû Tâlib, il avait en fait, été intrigué par un petit nuage blanc, unique dans le ciel azur, qui se déplaçait au dessus d'elle la favorisant d'une ombre salutaire sous le soleil de plomb du désert. A l'arrêt de la caravane, il avait remarqué que le nuage avait stoppé sa route lui aussi pour s'immobiliser au dessus d'un arbre. Plus extraordinaire encore, il avait vu les branches de cet arbre se courber, comme pour accorder plus d'ombrage à celui qui se reposait au dessous. Or, Bahîra avait lu dans des anciens manuscrits que les moines se transmettaient de génération en génération, la description d'un prophète qui serait bientôt envoyé en Arabie. Ce qu'il avait vu était suffisant pour le persuader d'un miracle, et lui donner le sentiment que le prophète annoncé dans ces feuillets avait pris part à l'expédition. Il devait être celui que le nuage protégeait des rayons brûlants de l'astre solaire. Bahîra voulait le voir de plus près.

Répondant à son invitation, tous les marchands, ravis, vinrent s'asseoir à sa table. Cependant, comme il fallait quelqu'un pour veiller sur les marchandises et les montures, ils décidèrent de confier cette tâche au neveu d'Abû Tâlib. Bahîra qui recherchait parmi ses invités les signes décrits dans son livre et ne les reconnaissant sur aucun d'eux, demanda si vraiment tous étaient présents et quand il fut informé qu'un enfant était resté pour garder les marchandises, insista pour qu'on l'appelle. Dès que celui-ci entra, Bahîra le considéra attentivement puis voulut vérifier, semble-t- il, s'il était idolâtre : « Ô garçon ! Par al-Lât et al lIzzâ ! Réponds à mes questions.». Le jeune Muhammad répondit qu'on ne lui demande rien au nom de ces deux-là car il les abhorrait au dessus de tout. Bahîra reprit : « Par Allah, réponds à mes questions. » et l'adolescent y consentit. Bahîra l'interrogea alors sur ses rêves, ses habitudes, différents aspects de sa vie, et les réponses concordaient avec ce qu'il avait lu dans les manuscrits. Quand, finalement, il put observer le dos du jeune garçon et vit juste sous la nuque, entre les omoplates, comme la trace laissée par une ventouse, il reconnut là le sceau de la prophétie. Il se tourna alors vers Abû Tâlib et lui demanda quel était leur lien de parenté. Lorsque celui-ci déclara qu'il s'agissait de son fils, il lui rétorqua qu'en aucun cas le père de cet enfant ne pouvait être encore en vie. Abû Tâlib précisa donc qu'il était l'oncle de l'enfant, ajoutant que son père était mort avant même sa naissance. Bahîra, satisfait, acquiesça. D'après Tabarî, désignant l'enfant, il déclara à l'oncle bien-aimé : « Celui-ci est le meilleur de tous les hommes de la terre et le Prophète de Dieu. Sa description se trouve dans tous les écrits de l'ancien temps ainsi que son nom et sa condition. J'ai maintenant soixante-dix ans et il y a bien longtemps que j'attendais sa venue comme prophète. » Ensuite, il lui conseilla de rentrer au plus vite à Makkah lui recommandant de veiller avec une extrême vigilance sur son neveu, de se méfier tout particulièrement des juifs car s'ils arrivaient, dit-il, à le voir et apprendre sur lui, ce qu'il venait de découvrir, ils chercheraient à le tuer. D'après Ibn Ishâq, il ajouta : « Ton neveu aura un destin extraordinaire ». Abû Tâlib écourta son voyage et ramena l'enfant à Makkah".

Les années passèrent... L'adolescent grandit dans la Sainte Cité sous l'œil vigilant de son oncle et sous la protection de Dieu.

 

La Protection divine

On raconte que l'Envoyé de Dieu parla un jour de la protection que le Seigneur lui accorda pen dant son enfance au temps de la jâhiliyya* : « J'étais parmi les enfants de Quraych quand nous transportions des pierres pour un jeu que les enfants jouaient ; nous étions nus et chacun prit son vêtement et le mit à son cou et là-dessus portait les pierres. Pendant que j'avançais et reculais avec eux, quelqu'un que je ne vis pas m'a frappé d'un coup pénible et puis m'a dit : « Porte ton vêtement. » Je pris mon vêtement, je le portai sur mon corps, puis je me suis mis à porter les pierres sur mon cou, tandis que j'étais habillé à la différence de mes autres camarades. »

Ces évènements miraculeux, ces témoignages de la bénédiction et de la protection divine sur le Prophète dès l'enfance, connus grâce à des témoins divers (Halîma, Hârith, Abû Tâlib) ou racontés par le Prophète lui-même, ne peuvent nous laisser indifférents. On peut toujours émettre des réserves mais dès lors que l'on regarde l'histoire avec l'œil de la foi, un fait extraordinaire n'est plus un fait impossible ou d'authenticité douteuse mais peut tout à fait correspondre à un événement réel relevant du miracle. Dieu est plus savant que nous en la matière...

 

Même au moment de « faiblesse » dans sa jeunesse, il est entouré de la protection divine.

Parlant de lui-même, le Prophète (SB sur lui)   dit «   Dès mon jeune âge, Dieu m'a  fait détester les idoles et la poésie. Jamais je n'eus l'idée de faire ce que faisaient les gens de la Jahiliyya, que dans deux occasions où chaque fois, Allah Le Très Haut a mis une barrière entre moi et ce que je voulais. Après cela, je n'ai pas désiré une mauvaise chose, jusqu'au jour où le Seigneur me fit grâce de Sa   Mission. Un soir, je dis à un garçon qui gardait les moutons avec moi : voudrais-tu surveiller mes moutons pour que j'aille à la Mecque passer la nuit comme les jeunes de mon âge ? Je partis et m'arrêtai à la première maison où j'entendis du tambour et de la flûte, à l'occasion d'un mariage. Alors, je m'assis, mais Allah me fit tomber dans un profond sommeil et ne fus réveillé que par l'intensité du soleil. Je ne fis donc rien et le même fait se produisit une deuxième fois ». 

 

III - SIGNES À L'ÂGE ADULTE

 

La Tradition ne nous donne que peu de détails sur la vie de l'Envoyé dans les dix ans qui suivirent le premier voyage en Syrie. Nous savons qu'il fut engagé comme caravanier au service d'une riche veuve du nom de Khadîja. C'est à l'occasion d'une expédition pour le compte de cette dernière, qu'il rencontra un second moine vivant en ermite à Busrâ. Peut-être le successeur immédiat de Bahîra ?

 

La deuxième expédition en Syrie

Khadîja, fille de Khuwaylid, de la tribu des Quraych, du clan d'Asad avait entendu parler des qualités de l'Envoyé de Dieu que l'on surnommait dans toute la ville « Al-Amîn » : « L'honnête, le digne de confiance ». Elle le fit donc appeler et lui proposa de lui confier ses marchandises pour les vendre en Syrie. Il ramènerait de son voyage des produits byzantins pour les négocier à Makkah. Le Prophète, qui avait environ vingt-quatre ans, accepta. Il partit avec Maysara, un jeune serviteur de Khadîja qui avait l'habitude d'un tel voyage. C'est à ce dernier que nous devons le récit de l'expédition.

Il la décrivit comme fort agréable et bien moins fatigante que les précédentes, entreprises pourtant dans les mêmes conditions. Il raconta qu'il avait été étonné par la présence de nuages blancs, semblables à des ailes, qui s'étiraient ou se regroupaient selon l'orientation du soleil, protégeant ainsi des rayons brûlants son compagnon de voyage. Il assura avoir vu, furtivement, à plusieurs reprises, au moment de midi quand le soleil est au zénith, deux anges qui le protégeaient de leurs ailes.

Arrivés au grand nœud caravanier de Busrâ, le moine chrétien Nestor (ou Djordjis69) vivant en ermite, remarqua, tout comme Bahîra quelques années plus tôt, le déplacement d'un nuage au dessus d'un des voyageurs puis la courbure surprenante des branches de l'arbre au dessous duquel l'homme se reposait. Il fit appeler Maysara et lui demanda qui était ce voyageur qui l'accompagnait. Le serviteur lui répondit que c'était un Quraychite dont la famille avait l'honneur de la garde de la Ka'ba et de la distribution d'eau aux pèlerins. Ce docte, tout comme Bahîra, comprit qu'il ne pouvait s'agir que du prophète annoncé dans les Écritures Saintes. Il aurait confié à Maysara : « Celui qui est assis sous cet arbre n'est rien de moins qu'un prophète. »

Les récits qui suivent ne comportent pas d'évènements miraculeux. Ils permettent seulement d'approfondir le caractère du Messager avant sa mission prophétique. Je les relaterai dans ce but.

 

HILFOUL FOUDOUL ( Ordre de chevalerie)

C’est au cours de cette période que la tribu de Qouraish conclut un des traités les plus nobles de son histoire, dans lequel le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) joua un rôle important.  Un homme de la ville de Zabid, au Yémen, vint à la Mecque pour tenter d’y vendre sa marchandise.  Un des chefs de clan de Qouraish, Al-As bin Wayel, lui acheta toute sa marchandise, mais ne lui paya rien en retour.  Dans l’espoir de récupérer son argent, l’homme alla voir plusieurs dirigeants de Qouraish mais aucun ne consentit à confronter Al-As bin Wayel.  Se voyant ainsi rejeté, il se résolut à demander de l’aide aux gens de la Mecque, implorant chaque jeune homme qui lui semblait juste et courageux de venir à son secours.  Finalement, plusieurs d’entre eux, se sentant fort embarrassés par cette affaire, se rassemblèrent dans la maison d’Abdallah bin Jad’an où ils conclurent un traité, au nom d’Allah, pour la répression des actes illégaux et la restauration de la justice envers les faibles et les opprimés de la Mecque.  Le traité fut nommé Hilfoul Foudoul et aussitôt conclu, ses membres allèrent voir Al-As bin Wayel et le forcèrent à rendre sa marchandise à l’homme de Zabid.

Le Messager (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) avait été l’un des principaux auteurs de ce traité et par la suite, il n’avait jamais raté une occasion d’exprimer sa satisfaction par rapport à son application.  Une fois, il dit : « J'y ai participé et je ne suis pas prêt à renoncer à cet honneur, même pour un troupeau de chameaux ; au contraire, si quelqu'un faisait appel à moi, même aujourd'hui au nom de cet ordre, je courrai à son aide ».  Par ce traité, ils avaient conclu de restituer à chacun ce qui lui revient de droit et de protéger les faibles de l’exploitation et de la manipulation des oppresseurs.

 

Considérant sa maturité, son goût profond pour la justice, sa bonne moralité, et probablement aussi le sentiment de côtoyer un homme exceptionnel - Maysara lui ayant fait part des paroles du moine et de ses visions lors du voyage en Syrie - Khadîja s'intéressa sur un tout autre plan à son chargé d'affaires. Malgré leur différence d'âge - elle avait, dit- on, quinze ans de plus - et bien qu'elle fût une femme riche et lui sans fortune, elle lui fit savoir qu'elle serait disposée à l'épouser. Le Prophète, âgé de vingt cinq ans, accepta. Ce mariage ne prit fin que par le décès de Khadîja en 619.

 

Zayd, le fils adoptif

Zayd était fils de Hâritha, notable de la tribu des Beni Kalb vivant dans les plaines au nord-est de l'Arabie. Il avait été enlevé lors d'une razzia puis vendu à plusieurs reprises comme esclave. Il fut acheté à la foire de `Ukâz par Hakîm, neveu de Khadîja qui le céda plus tard à sa tante.

Son père, qui pendant des années, n'avait cessé de le rechercher, fut averti un jour, par des pèlerins de sa tribu, que son fils se trouvait à Makkah. Pressé dans la Sainte cité afin de le ramener parmi les siens, il finit par s'adresser à Muhammad et lui proposa une rançon en échange de son fils. Le Prophète répondit que c'était à Zayd de décider puis précisa, que s'il préférait partir, il n'exigerait aucune compensation en retour. Al-Amîn demanda donc à Zayd de se prononcer. Or celui- ci, à la grande consternation de son père, rétorqua qu'il préférait rester avec son maître. Hâritha n'en croyait pas ses oreilles ! Comment un fils pouvait-il préférer, de son propre gré, un étranger à son propre père, l'esclavage à la liberté ? C'est alors que Zayd, bien décidé à ne pas quitter le Prophète, trancha net et déclara à titre d'explication : « J'ai vu en mon maître quelque chose qui me le fait préférer à tous, à jamais. » Le Prophète fut fort touché par ces paroles et devant l'affliction du père décida de le rassurer publiquement. Il les invita tous deux à se rendre à la Ka'ba puis devant ceux qui étaient présents annonça, qu'à partir de ce jour, Zayd devenait son fils adoptif. Il l'affranchit en ces termes : « Ô vous tous qui êtes présents, soyez témoins que Zayd est mon fils : je suis son héritier et il est le mien ».

 

`Ali*, fils d'Abû Tâlib

Une année de disette venant de succéder à une grande période de sécheresse, Abû Tâlib, qui avait de nombreux enfants, était particulièrement éprouvé. L'Envoyé de Dieu, relativement dans l'aisance, pensa soulager son oncle en prenant à sa charge un de ses fils. Il suggéra son idée à un autre oncle, `Abbâs, dont les affaires étaient florissantes. Celui-ci accepta. Abû Tâlib apprécia l'offre. C'est ainsi que `Abbâs prit Ja`far et que `Alî rejoignit la maison de Khadîja. C'est ce même `Alî qui dressa plus tard ce portrait du Prophète dont voici un extrait" : « Il y avait dans son visage tant de douceur, qu'une fois en sa présence, on ne pouvait pas le quitter ; si l'on avait faim, on était rassasié en le regardant et l'on ne songeait plus à la nourriture. Tout homme affligé oubliait son chagrin quand il était en sa présence, charmé par la douceur de son visage et de sa parole. Quiconque l'avait vu convenait n'avoir jamais trouvé, ni avant, ni après lui, un homme ayant la parole aussi charmante... Il n'y avait pas sur la terre d'homme d'un caractère aussi agréable que lui, aussi généreux et aussi vaillant. Un jour, on entendit à Médine un grand bruit : les hommes accoururent, ne sachant pas ce que signifiait ce bruit ; mais, avant qu'ils fussent arrivés, le Prophète, n'ayant pas trouvé son propre cheval, avait monté celui d'Abû Talha, sans selle, avait jeté son sabre autour de son cou, et s'était dirigé du côté où le bruit s'était fait entendre. Lorsque les autres arrivèrent, il revenait et leur dit : "Ne craignez rien." »

 

La reconstruction de la Ka'ba

En 605, un incendie détruisit partiellement la Ka'ba et un peu plus tard, des eaux torrentielles pénétrèrent à l'intérieur du Sanctuaire. Affaiblie, la Maison Sacrée nécessitait donc d'être restaurée et rehaussée. Les Quraychites se répartirent cette tâche. Ils commencèrent par des travaux de démolition jusqu'aux fondations puis entreprirent la construction proprement dite en conservant les dimensions d'origine. Vint le moment où il fallut enchâsser la Pierre Noire à l'endroit qui lui était consacré. Qui méritait le plus cet honneur ? Aucun des clans ne réussit à persuader l'autre et les discussions qui se poursuivirent pendant quatre ou cinq jours s'envenimèrent tant, qu'il semblait que le différend ne serait réglé que par les armes. In extremis, un vieillard proposa de s'en remettre à Dieu en acceptant pour arbitre le premier homme qui franchirait le seuil de la Mosquée. Étant donné l'impasse de la situation, les Quraychites y consentirent. Peu de temps après, celui que le Très Haut avait choisi pour les départager apparut : c'était « Al-Amîn ». Ce dernier les écouta puis avec sa vivacité d'esprit exceptionnelle, se fit apporter un manteau, l'étendit sur le sol et plaça la Pierre Noire en son centre. Il invita alors le chef de chaque clan à prendre un coin du manteau, tous partageant ainsi le même honneur de déplacer la Pierre sacrée. Quand ils atteignirent une hauteur suffisante, Muhammad prit la pierre et l'enchâssa à l'endroit où elle devait être scellée. Personne ne lui contesta ce privilège. Grâce à sa probité, ne venait-il pas d'éviter un conflit fratricide ?

Tous ces récits montrent la personnalité du Prophète de l'Islam avant la Révélation. Il était apprécié pour sa grandeur d'âme, son humanité, sa probité, son impartialité... A maintes occasions, son comportement le fit estimer davantage à tel point que Tabarî rapporte : « C'était l'opinion générale que lorsque Abû Tâlib viendrait à mourir, il n'y aurait pas d'homme plus digne que Muhammad d'exercer le gouvernement de La Mecque »".

Cependant et malgré une opinion populaire favorable, tout laisse croire qu'Al-Amîn n'envisageait pas de tenir un jour, un rôle politique dans la Cité. Peu après la reconstruction de la Ka'ba, il ressentit, en effet, une inclination à la méditation, au recueillement. A l'instar des hanîfs et en particulier de son aïeul 'Abd-al-Muttalib, il commença à se retirer, chaque année, loin de tout commerce et de la vie citadine, dans une caverne du mont Hirâ'*, lequel se situe à environ quatre kilomètres au nord-est de Makkah. C'est là, que se produisit, en 609/610, pendant la nuit de la Détermination", l'évènement qui donna un sens nouveau à son existence : sa rencontre avec Gabriel, l'Archange chargé de lui révéler, petit à petit, cette Vérité qu'il recherchait tant.

La Révélation :
Réactions et Accusations

Les révélations que recevait Al-Amîn suscitèrent des réactions très diverses parmi les Mecquois. Les uns ne doutèrent pas de l'honnêteté de leur concitoyen et choisirent d'embrasser l'Islam. D'autres ne crurent pas d'emblée en sa sincérité, réagirent hostilement et tentèrent même de lui nuire. Après le récit de la toute première révélation, nous prendrons connaissance des réactions et des accusations des incrédules. Celles-ci, en regard du comportement du Prophète alimenteront nos réflexions visant à déterminer s'il était oui ou non un authentique messager de Dieu.

 

BIBLIOGRAPHIE :

  Le Prophète de l'Islam : "Envoyé de Dieu ou Imposteur" par Claude COULIBALY

  Le Prophète Bien-Aimé par Abou Bakr DJaber AlDJAZAÏRI

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