Le Coran, tu t'abreuveras !

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Cheïkh Yoûsouf al-Qardâwî

préface de "Encyclopédie de la Femme en Islam"



Louanges à Dieu. Que Dieu accorde la bénédiction et la paix au Prophète, à sa famille et ses Compagnons, et à ceux qui suivent son Message...



La femme représente, statistiquement, la moitié de la société, mais elle est bien plus que cela par son influence sur son époux, ses enfants et son entourage. C'est pourquoi le poète a dit :

La mère est une école : la préparer,

C'est préparer un peuple aux nobles origines !



Par contre, il est des philosophes qui font porter à la femme la responsabilité de toutes les tentations et de tous les crimes qui arrivent dans le monde, au point que certains disent quand arrive un malheur ou un crime : cherchez la femme !

Les hommes, les anciens comme les modernes, sont divisés entre les amis de la femme, qui ont une haute opinion d'elle, et ses ennemis. Un poète dit ainsi :

Les femmes sont des fleurs odorantes créées pour nous,

Et nous désirons tous respirer les fleurs odorantes !

Mais un autre dit :

Les femmes sont des démons créés pour nous,

Que Dieu nous protège du mal des démons !



Chez les philosophes, nous trouvons également d'une part ceux qui font l'éloge de la femme et chantent ses vertus et son influence positive dans la famille et la société.

Et nous trouvons d'autre part, ceux qui ne voient en elle que la noirceur, et en font la cause des maux de l'humanité.

Cela, à tel point que les pessimistes en sont même venus à considérer le savoir, qui guide les égarés et corrige les erreurs, comme immoral pour les femmes. Certains, voyant une femme apprendre à écrire, n'ont-ils pas dit : "voilà une vipère qui se nourrit de poison !"


Pire que cela, ils font porter à la femme la responsabilité exclusive de la souffrance de l'humanité depuis la création d'Adam jusqu'au Jour dernier, car, à ce qu'ils prétendent, ce serait elle qui aurait poussé Adam à manger du fruit de l'arbre et à transgresser l'interdit fixé par Dieu, après quoi Adam fut chassé du Jardin avec sa descendance et envoyé sur terre pour peiner et travailler.

 

C'est dans les livres sacrés anciens des Juifs et des Chrétiens qu'ils ont trouvé la matière de cette accusation, qui fait porter une telle responsabilité à la femme.

Mais l'Islam, quant à lui, réserve une place d'honneur à la femme et insiste sur sa dignité, en tant que fille, qu'épouse et que mère, en tant que membre de la société, et avant tout en tant qu'être humain.

 

La femme est responsable devant Dieu au même titre que l'homme, les ordres et les interdictions de Dieu s'appliquent à elle comme à lui, et elle sera, comme lui, récompensée ou punie. La première responsabilité confiée par Dieu à l'être humain s'adressait aussi bien à la femme qu'à l'homme : Dieu leur a dit, lorsqu'il les a installés au Paradis :

« Mangez tous deux de ses fruits comme vous le voudrez ; mais ne vous approchez pas de cet arbre, sinon vous seriez au nombre des injustes. » (Sourateal-Baqara, "La vache", verset 35)

Le Coran n'indique nulle part (mais la Torah non plus) que la femme soit responsable de la faute d'Adam : la responsabilité première revient au contraire à Adam lui-même, et la femme lui est simplement associée :

« Nous avions fait, auparavant, une recommandation à Adam. Mais il l'oublia, et nous ne trouvâmes en lui aucune résolution. »

(Sourate Ta Ha, verset 115)

« Adam désobéit à son Seigneur et s'égara. Puis son Seigneur le recueil­lit, agréa son repentir et le guida. » (Sourate Ta Ha, versets 121 -122)



L'Islam ne considère pas la femme comme un adversaire de l'homme, mais considère au contraire qu'ils se complètent mutuellement, chacun étant une partie de l'autre : le Coran dit à ce propos :

« Vous êtes partie intégrante les uns des autres. »

(Sourate Âl 'Imrân, "La famille de 'Imrân", verset 195)

Le Prophète Bénédiction et salutations sur lui dit, quant à lui : « Les femmes sont la seconde moitié des hommes ».



Comment pourrait-on imaginer que l'Islam prive en quoi que ce soit la femme de ses droits, ou qu'il accorde une quelconque préférence aux hommes sur elle, quand on sait que l'Islam est la Loi de Dieu, Seigneur des hommes comme des femmes ?

 

Mais, malheureusement, certaines de ces conceptions négatives de la femme ont trouvé leur chemin auprès d'une partie des Musulmans. La vision qu'ils avaient de la femme en a alors été faussée, comme a été faussé, par conséquent, leur comportement à son égard. Ils ont transgressé les limites fixées par Dieu, faisant du tort à la femme et s'en faisant à eux-mêmes ; ceci, en particulier, pendant les siècles de déclin où la Communauté islamique — sauf ceux à qui Dieu fit miséricorde — s'éloigna du Message prophétique, de la modération de l'Islam, et de l'attitude des Anciens caractérisée par la souplesse et l'équité.

 

***

 

Si nous nous tournons maintenant vers notre époque, nous voyons que notre vie intellectuelle est affectée par un fléau dont les hommes doués de raison se plaignent depuis longtemps. Sur de nombreuses questions, la plupart même, nous ne choisissons pas l'attitude équilibrée, que le Coran appelle « la Voie droite », mais tombons, dans la vaste majorité des cas, dans l'excès sous l'une ou l'autre de ses formes, l'outrance ou la négligence. Nous lisons cependant la Parole de Dieu, « Ainsi avons-nous fait de vous une communauté du juste milieu » ; nous répétons le proverbe « Rien ne vaut le juste milieu » ; nous connaissons la parole de 'Alî (que Dieu soit satisfait de lui) : « Tenez-vous-en au juste milieu : ceux qui cherchent l'excès y reviendront, et ceux qui sont à la traîne vous y rejoindront. »



La question de la femme dans nos sociétés musulmanes constitue un exemple flagrant de ces deux tendances à l'outrance et à la négligence.

D'une part, ceux qui négligent les droits de la femme la considèrent avec condescendance et mépris : elle est pour eux un piège du diable pour tenter et égarer les hommes, et est déficiente en raison et en religion.

 

Ils la considèrent comme une créature inférieure. Elle est l'esclave de son mari, ou presque. Il l'épouse selon son bon plaisir pour sa propre satisfaction, la possède grâce au prix qu'il a payé, et la répudie quand il le souhaite, sans qu'elle puisse rien y faire et sans qu'elle ait droit à la moindre compensation. Certains ne l'ont-ils pas comparée à une chaussure, que l'on passe à son pied quand on veut, et qu'on retire quand on veut !

 

Une fois mariée, si elle déteste son mari et ne peut plus le supporter, la femme n'a plus qu'à prendre son mal en patience et à goûter malgré elle à une vie amère, jusqu'à ce que son mari veuille bien divorcer : elle n'a, sans cela, aucun recours pour se libérer de son esclavage.

Certains de ces gens sont revenus à l'époque du paganisme pré-islamique, et n'accordent pas à leurs filles le droit à l'héritage : ils laissent leurs biens à leurs fils sous forme d'actes de vente, sans donner aucune part aux filles.

 

Ils ont enfermé la femme à la maison, sans qu'elle puisse sortir pour s'instruire ou travailler, ni pour contribuer à aucune activité constructive bénéficiant à la société. Certains ont été jusqu'à affirmer que la femme vertueuse est celle qui ne sort de chez elle que deux fois : la première fois, pour aller de la maison de son père à celle de son mari, et la deuxième, pour aller de la maison de son mari à sa tombe !

 

Or, dans le Coran, l'emprisonnement à la maison est bien cependant une punition qui était infligée aux femmes coupables de fornication et contre lesquelles quatre Musulmans avaient témoigné, avant la prescription des sanctions désormais en vigueur en cas de fornication. Le Coran dit :

« Celles de vos femmes qui forniquent, faites témoigner contre elles quatre d'entre vous. S'ils témoignent, enfermez ces femmes dans les maisons jusqu'à leur mort, ou jusqu'à ce que Dieu leur procure un moyen de salut. » (Sourate an-Nisâ', "Les femmes", verset 15)

 

Ils interdisent aux femmes de sortir pour s'instruire ou apprendre leur religion, prétextant que c'est à leur père ou à leur mari de les instruire. Ils les privent ainsi de la lumière du savoir, et les confinent aux ténèbres de l'ignorance : ni leur père, ni leur mari ne les instruit, car eux-mêmes auraient grand besoin qu'on les instruise. On ne saurait donner ce qu'on n'a pas, et pour pouvoir guider il faut voir le chemin !

 

Ils savent bien pourtant que la recherche du savoir est un devoir pour tout Musulman et toute Musulmane, et que l'on comptait, parmi les Mères des Croyants, les épouses des Compagnons et les Musulmanes des premières générations, des femmes qui avaient atteint un haut degré de savoir, d'érudition juridique, de connaissance des hadîth, en plus de celles qui brillaient dans la poésie, les belles lettres et l'art de l'éloquence.

 

Nous pouvons lire dans les écrits de nos érudits classiques : l'éminente rapporteuse de hadîth, une telle fille d'untel, m'a dit que...

Karîma bint Ahmad al-Maroûziya était une des transmetteuses du Sahîh d'al-Boukhârî, et sa copie, l'une de celles qui faisaient foi. Al-Hâfidh ibn Hajr al-'Asqilânî en fait l'éloge dans "Fath al-bârî".

On a même interdit aux femmes d'aller à la mosquée pour participer à la prière en commun ou écouter les sermons, alors qu'il est bien connu que les femmes de l'époque du Prophète Bénédiction et salutations sur luiassistaient à la prière en commun, même celles du soir (al-'ichâ') et de l'aube (al-fajr), et que le Prophète Bénédiction et salutations sur lui a dit explicitement : «N'interdisez pas les mosquées de Dieu aux servantes de Dieu » (Rapporté par Mouslim).

 

Le plus étonnant, c'est que certaines Musulmanes sont encore aujourd'hui privées de ce droit dont bénéficient les adeptes de toutes les autres religions. La femme juive va à la synagogue, la Chrétienne va à l'église, la Bouddhiste et l'Hindoue vont au temple. Seule, la Musulmane se voit refuser le droit d'aller à la mosquée.

On lui a interdit de participer quand elle le peut, avec son père et son mari, aux tâches licites de la vie, comme il est prouvé que le faisaient certaines épouses des Compagnons : par exemple, Asmâ' « aux deux ceintures » avec son époux Zoubayr ibn al-'Awwâm.

 

Plus explicite encore, l'on sait ce que raconte le Saint Coran (dans la sourate al-Qasas, "Le récit") au sujet des deux filles du vieillard qui gardaient les bêtes et les abreuvaient. Elles ont parlé à Moïse et il leur a parlé, et l'une d'elles a dit à son père, en toute franchise et sans timidité : « O mon père, engage-le à ton service moyennant salaire, car le meilleur homme que tu pourrais engager est celui qui est fort et digne de confiance. » Ses paroles résument ainsi la base sur laquelle il convient de choisir des hommes pour accomplir des tâches.

Les partisans de la réclusion des femmes se sont souvent appuyés sur des textes au sens équivoque, de préférence aux textes prescriptifs explicites. Ils justifient leur position, par exemple, en citant les versets se rapportant aux épouses du Prophète Bénédiction et salutations sur lui dans la sourate al-Ahzâb ("Les coalisés"), comme la Parole de Dieu à leur égard :

« O femmes du Prophète ! Vous n'êtes comparables à aucune autre femme. Si vous êtes pieuses, ne soyez pas complaisantes dans vos propos, afin que celui dont le cœur est malade ne vous convoite pas. Soyez plutôt décentes dans vos discours. Restez dans vos maisons... » ; ou encore : « Si vous demandez quelque chose aux épouses du Prophète, faites-le derrière un voile. » (Sourate al-Ahzâb, "Les coalisés", versets 32-33 et 53)



De même, ils ont souvent privé la femme de son droit de choisir celui qui partagera sa vie, ou au moins son droit de l'accepter ou de le refuser quand son père ou son tuteur le lui propose.

Il s'est trouvé des pères pour marier leurs filles contre leur gré, et même sans leur demander leur avis, ne serait-ce que pour le connaître !

 

C'est malheureusement ce que préconisent les écoles châfi'ite et mâlikite, et certains hanbalites, en se basant sur des arguments qui ne résistent pas à la discussion, des arguments qui ont été rejetés par des hommes comme le Cheikh al-islâm Ibn Taymiyya ou son élève l'imam Ibn al-Qayyim.

 

Combien de fois ont-ils exploité, pour spolier la femme de ses droits, des hadîth authentiques pris hors de leur contexte, auxquels ils font dirent ce qu'ils n'ont jamais voulu dire. Ainsi, par exemple, le hadîth auquel ils ont si souvent recours pour tenter de justifier leur vision des femmes : le hadîth qui les décrit comme « déficientes en raison et en religion », et sur lequel nous reviendrons plus loin. De même, le hadîth : « Si J'avais ordonné à quiconque de se prosterner devant quelqu'un d'autre, J'aurais ordonné à la femme de se prosterner devant son mari. »

Loin de se contenter de détourner le sens de ces hadîth, ils se sont mis à citer des hadîth sans queue ni tête dont on ne connaît ni l'origine ni les transmetteurs, des hadîth extrêmement douteux, ou des hadîth fabriqués et faussement attribués au Prophète Bénédiction et salutations sur lui.

 

Ainsi, par exemple, le hadîth où le Prophète Bénédiction et salutations sur lui aurait demandé à sa fille Fâtima az-Zahrâ' : « Qu'est-ce qui vaut mieux pour la femme ? » et où elle aurait répondu : « Qu'elle ne voie pas d'homme et qu'aucun homme ne la voie » ; il l'aurait alors embrassée en disant : « Tel père, telle fille » ! C'est un hadîth tout à fait douteux, sans aucune valeur.

Mentionnons encore le hadîth « Demandez leur avis et faites l'inverse », qui est un hadîth sans aucun fondement. Il est en contradiction avec la prescription coranique selon laquelle le père et la mère doivent se consulter mutuellement pour décider du sevrage de l'enfant :

« Si, d'un commun accord, les parents veulent sevrer leur enfant, il n'y a aucun inconvénient à cela. » (Sourate al-Baqara, "La vache", verset 233)



II est également en contradiction avec les récits vérifiés de la sounna authentique et de la biographie du Prophète Bénédiction et salutations sur lui, selon lesquels il consulta l'avis de son épouse Oumm Salama lors de l'expédition de Houdaybiya, et se conforma à cet avis qui s'avéra être juste et bénéfique.

On peut citer également les paroles qu'ils attribuent à 'Alî ibn Abî Tâlib (que Dieu soit satisfait de lui) : « La femme n'est faite que de mal, et le pire c'est qu'elle est indispensable ! » J'ai démontré ailleurs (dans mon livre "Fatâwâ mou'âsira") la fausseté de cette attribution.

 

Ou encore la parole rapportée par al-Hâkim dans son "Moustadrak", avec une chaîne de transmission ramenant à lui : « Ne les logez pas dans de belles maisons, et ne leur apprenez pas l'écriture ». C'est un hadîth que les critiques ont déclaré fabriqué, comme l'a dit al-Hâfidh adh-Dhahabî en commentaire du texte d'al-Hâkim.

Il y a quelques jours, je lisais le livre "Mouhâdarât al-oudabâ'" du lettré classique ar-Râghib al-Isfahânî. Il consacrait un chapitre aux filles, intitulé « l'intérêt de leur mort et de l'espérer », qu'il commençait en disant : « Le Prophète Bénédiction et salutations sur lui a dit : La meilleure des alliances est la tombe ; il a dit aussi : Enterrer les filles fait partie des actions honorables ! »

Les deux hadîth qu'il cite sont des hadîth fabriqués, faussement attribués au Prophète de l'Islam Bénédiction et salutations sur lui.



Les textes de littérature profane ne peuvent en aucun cas servir de source de hadîth. Mais il est des gens qui sont incapables d'évaluer la fiabilité des ouvrages, et de les distinguer les uns des autres : ils donnent foi à tout ce qui se trouve dans les livres, surtout quand ils sont écrits par un homme célèbre dans les cercles scientifiques et intellectuels, comme ar-Râghib al-Isfahânî, auteur de "Moufradât al-qor'ân", "Adh-dharî'a ilâ makârim ach-charî'a", etc. Ils oublient que certains auteurs peuvent être éminents dans une branche particulière du savoir, et ignorer tout ou presque d'une autre dont ils ne s'occupent pas, comme le souligne l'imam al-Ghazâlî dans son livre "Al-mounqidh min ad-dalâl".

 

Ces rigoristes font de la vie de la femme une prison où ne filtre aucun rayon de lumière. Ils lui interdisent de sortir de chez elle.

Elle n'a pas le droit d'aller à la mosquée.

Parler aux hommes est prohibé, même dans le respect des convenances et de la bienséance.

Son visage et ses mains sont des parties intimes, et sa voix et ses paroles ne doivent pas être entendues.

Même les vêtements blancs portés par certaines femmes lors du pèlerinage et de la visite des lieux saints, une coutume ancienne en Egypte et dans d'autres pays, sont réprouvés par certains sous prétexte que cela les fait ressembler aux hommes !

Cela, malgré le fait qu'en matière de vêtements et de parure, le Législateur a permis aux femmes des choses interdites aux hommes, comme de s'embellir en portant de l'or et des vêtements de soie.

 

* * *


Puis, face à ceux qui négligent les droits de la femme et l'oppriment, se trouvent les outranciers qui veulent pour elle une liberté dépassant les limites fixées par Dieu, et les limites dictées par l'instinct et par la vertu.

Si les premiers sont prisonniers de traditions orientales héritées de leurs pères, les seconds sont prisonniers de coutumes occidentales importées.

Dans cette deuxième catégorie, j'ai vu des gens qui voulaient supprimer les différences entre les hommes et les femmes, arguant que puisque la femme est un être humain au même titre que l'homme, et que tous deux naissent d'un homme et d'une femme, l'un ne devrait pas être avantagé sur l'autre !

 

En voilà qui ont oublié que la nature créée par Dieu différencie les hommes et les femmes, même au niveau de leur constitution physique. Il y a à cela une raison suprême : le fait que chacun a sa mission dans la vie, conforme à sa nature et à ses aptitudes. Or la maternité, avec toutes ses caractéristiques, ses mérites et la fatigue qu'elle entraîne, constitue l'essentiel de la mission de la femme, et c'est pour cela qu'elle reste davantage à la maison que l'homme.

Si la nature différencie ainsi l'homme et la femme, ces différences ne doivent pas être oubliées lorsqu'on organise l'éducation ou le travail des femmes. C'est ce que la recherche scientifique moderne a mis en évidence à notre époque.



Nous avons vu encore, dans cette catégorie, des gens qui se permettent de réfuter sans preuve des textes prescriptifs authentiques. C'est ce qu'a fait une illustre écrivaine qui, donnant un jour une conférence à Qatar, a rejeté le hadîth : « Un peuple gouverné par une femme ne connaîtra jamais le succès », un hadîthauthentique rapporté par al-Boukhârî, accepté par la Communauté musulmane tout entière, et qui n'a jamais été mis en cause tout au long des siècles passés.

 

Le plus étonnant, c'est qu'un membre de cette catégorie a même écrit un jour que ce hadîth devait être rejeté comme faux, parce que — selon lui — il était en contradiction avec le hadîth authentique (!!) « Prenez la moitié de votre religion de cette rousse » ! C'est-à-dire 'Aicha (que Dieu soit satisfait d'elle).

On voit comment le hadîth authentique, accepté par tous, est rejeté pour un hadîth dont la fausseté a été prouvée, et qui n'a aucune valeur scientifique !

 

Il en est d'autres encore, parmi ces gens, qui voudraient interdire à l'homme, comme Dieu le lui a permis, d'épouser plusieurs femmes, s'il en éprouve le besoin, en a les moyens, et est sûr d'être juste. Ils s'opposent ainsi à une permission confirmée par le texte du Saint Coran, et par la pratique du Prophète Bénédiction et salutations sur lui, de ses Compagnons et de ceux qui lui ont succédé, ainsi que par celle des Anciens lors des meilleures époques connues par notre Communauté, et par celle des Musulmans de tous les coins du monde, de toutes les époques, et de toutes les écoles, jusqu'à nos jours.


Certains également, voudraient accorder à la fille la même part d'héritage qu'à son frère, et refusent que l'héritier mâle reçoive le double de la part de la fille. Ils s'opposent à l'essence du Livre de Dieu Tout-Puissant, à la sounna de Son Prophète Bénédiction et salutations sur lui, au consensus de la Communauté, en théorie comme en pratique, tout au long de quatorze siècles, et aux éléments de base de la religion islamique, que nul ne peut ignorer.

 

Plus étonnant encore, c'est justement à cette tendance qu'appartiennent certains personnages qui prétendent à la connaissance de la religion, et que les circonstances fâcheuses de notre époque ont transformés en porte-parole de l'Islam dans la presse et les média, où ils attribuent à Dieu ce dont ils n'ont aucun savoir.

Nous en voyons, par exemple, qui ignorent ou prétendent ignorer des hadîth authentiques et explicites, pour rendre licites des choses interdites par la Loi de Dieu, afin de justifier la situation actuelle ou les décisions des dirigeants politiques d'interdire le licite et d'autoriser l'illicite. Ils ne protestent pas contre la permissivité de la loi en matière d'adultère, mais réprouvent la polygamie.

 

Nous en voyons donnant un avis juridique qui autorise le port de perruques, malgré le hadîth authentique rapporté par Ibn Mas'oûd, Ibn 'Abbâs, 'Aicha, Asmâ', Anas et Mou'âwiya (que Dieu soit satisfait d'eux), selon lequel le Prophète Bénédiction et salutations sur lui a « maudit la femme qui pose les postiches et celle qui les porte ». Le noble Prophète Bénédiction et salutations sur lui a également qualifié le port de postiches de tromperie, c'est-à-dire de falsification de la réalité, et souligné que c'était une pratique des Juifs.

 

Citons encore ceux qui donnent un avis juridique selon lequel porter des vêtements courts, découvrant les bras et les jambes, ou les cheveux, des vêtements transparents ou qui révèlent les formes (les vêtements de la civilisation importée dans notre société islamique), ne serait qu'un péché mineur effacé par l'accomplissement de la prière et autres devoirs religieux.

Ceux-là ignorent que le Prophète Bénédiction et salutations sur lui a voué à l'Enfer les femmes « qui sont nues tout en étant habillées » et déclaré qu'elles n'entreraient pas au Paradis et n'en sentiraient même pas l'odeur, quoique l'odeur du Paradis se sente à une telle distance... Les femmes nues tout en étant habillées, sont celles dont les vêtements ne remplissent pas les conditions requises par la Loi divine : celles qui portent des vêtements transparents ou qui révèlent les formes, ou qui ne couvrent pas les parties du corps devant être couvertes. Si ce qu'elles font était un péché mineur, on ne leur promettrait pas l'Enfer, et on ne les priverait pas du Paradis et même de son odeur.

 

Même si l'on admettait qu'il s'agisse d'un péché mineur, je ne pense pas que ces gens ignorent qu'un péché mineur dans lequel on persiste devient un péché majeur. C'est un fait reconnu par les juristes qui disent : II n'y a pas de péché mineur quand on s'y obstine, et il n'y a pas de péché majeur quand on s'en repent.

Il faut bien dire que les extrêmes atteints par les outranciers imitateurs de l'Occident, sont une réaction à l'extrémisme inverse des imitateurs des traditions orientales. L'extrémisme ne produit face à lui que l'extrémisme. Or, Dieu ne nous a pas chargés de suivre l'Occident ou l'Orient, ni d'être prisonniers des usages anciens ou modernes. Il faut simplement que nos souhaits soient conformes à la bonne Direction et à la religion de Vérité, apportées par Mohammad Bénédiction et salutations sur lui

 

* * *


C'est pourquoi notre position doit représenter l'équilibre caractéristique de l'Islam, qui reste éloigné des extrêmes et donne à chacun son dû, sans démesure ni négligence. C'est ce qu'indique la Parole de Dieu :

« Ne fraudez pas sur le poids ; évaluez la pesée avec exactitude ; ne faussez pas la balance. » (Sourate ar-Rahmân, "Le Miséricordieux", versets 8-9)

 

Je pense que l'ouvrage que je présente aujourd'hui au lecteur fait preuve de cette équité, et représente avec exactitude la position de l'Islam sur cette question capitale où la vérité et l'erreur se sont confondues : la question de la femme et de son rôle dans son foyer, dans la société et dans la vie.

 

L'auteur se penche depuis des années sur la question de la femme, depuis qu'il s'est rendu compte que de très nombreux textes étaient en contradiction avec l'attitude sévère et rigoriste de beaucoup de Musulmans vis-à-vis de la femme. L'étude plus poussée de la question ne faisait toujours que renforcer sa conviction de la largeur de vues de l'Islam en ce qui concerne la position de la femme et la grandeur de son rôle dans la vie de la famille et de la société.

 

Son intérêt pour la question a encore été accru par les excès où tombaient certains groupes de Musulmans et de prédicateurs, dans leur vision de la femme. Ces abus font fuir à beaucoup d'hommes et de femmes la pratique de l'Islam, et fournissent aux laïques et aux athées une arme qu'ils brandissent face aux Musulmans partisans de l'application de la solution islamique aux problèmes de la vie.

 

Dans cette étude, l'auteur ne s'appuie pas sur l'avis de telle ou telle personne, mais laisse les textes parler d'eux-mêmes. Il a donc volontairement multiplié les références aux textes, afin qu'ils expriment eux-mêmes les valeurs et les notions qu'il souhaite clarifier ou confirmer. Il ne rapporte les opinions des juristes et des commentateurs que dans la mesure où cela est nécessaire à l'explication et à la clarification, en cas d'obscurité, de difficulté d'interprétation ou de divergence.

 

Nous sommes véritablement en face d'une étude scientifique s'appuyant sur les textes les plus authentiques et les sources les plus fiables, une étude à laquelle l'auteur a consacré son temps, ses efforts, son intelligence et son cœur, et tout son savoir, pour qu'elle atteigne un tel degré d'excellence.

 

C'est en réalité une riche encyclopédie qui présente l'essentiel de ce qui concerne la femme musulmane, qu'il s'agisse de sa personnalité et de sa position, de sa tenue vestimentaire, de sa parure, de son rôle dans la famille et la société, ou de ses contacts avec les hommes et de sa participation à la vie de la société et à la vie politique, à la lumière des textes du Saint Coran et de la noble sounna, et de la compréhension qu'en avaient les pieux Anciens.


L'auteur de ce livre, le professeur 'Abd al-Halîm Mohammad Aboû Chouqqa, est un homme peut-être peu connu jusqu'ici dans les cercles intellectuels, car il n'a pas publié d'ouvrages qui l'aient fait connaître du public, hormis un ensemble d'articles dans certaines revues.

 

Malgré cela, il écrit beaucoup, et note sans cesse des réflexions sur un grand nombre de domaines, exprimant des idées éclairées et des plans de réforme novateurs. Mais ces réflexions sont souvent pareilles à des perles dispersées, non encore réunies dans un collier. Il les garde en réserve pour les enfiler dans ce précieux collier.

 

De plus, il est d'un naturel pondéré — une qualité aimée par Dieu et Son Prophète, comme la sounna authentique l'indique — ce qui le pousse à revoir chaque idée encore et encore, à en discuter avec ses amis, afin de s'assurer qu'elle est juste et correcte, et parfois à la rectifier à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'elle le satisfasse.

 

Si le Professeur 'Abd al-Halîm (que ses amis appellent Aboû 'Abd ar-Rahmân) n'est pas connu du grand public, les gens qui le connaissent l'admirent et l'estiment, et lui reconnaissent une pensée juste et profonde, à laquelle se joignent une vision critique et réformatrice, le courage d'exprimer ce qu'il considère comme la vérité, et la sincérité et l'intégrité qui le rendent égal à lui-même intérieurement et extérieurement.

 

Je le connais bien moi-même depuis plus d'un quart de siècle, époque où nous travaillions ensemble au Ministère de l'Enseignement du Qatar. Je ne connais qu'un homme sincère, au cœur pur, au tempérament affable et sensible, et à l'esprit critique.

 

Nos relations amicales m'ont fait connaître un Musulman fort attaché à la pratique de l'Islam, soucieux de connaître ses prescriptions et ses enseignements afin de les appliquer sur lui-même et les siens. Il n'étudie pas les enseignements de l'Islam pour en tirer une gloire ou une vanité personnelles, mais pour les mettre en pratique et les prendre pour guide.

Mais l'Islam qu'il pratique n'est pas celui d'une école particulière, ni d'une période spécifique de l'époque classique, ni celui d'une région déterminée du monde islamique. C'est uniquement l'Islam du Coran et de la sounna, et c'est pourquoi il s'est appliqué à ne pas s'appuyer, dans son analyse, sur l'avis de telle ou telle autorité : il y a à prendre et à laisser dans les opinions de tout savant, quelle que soit l'étendue de son érudition.

 

J'ai connu en lui un pédagogue brillant et consciencieux. Il a enseigné dans les établissements secondaires, puis a été directeur du lycée de Doha. Il n'est donc pas surprenant de retrouver toujours en lui l'esprit du pédagogue soucieux d'instruire par les meilleurs moyens possibles.

 

J'ai connu en lui un homme sincèrement engagé dans la recherche de la vérité, sans ménager ses efforts, qui sait s'attarder et réfléchir sur ce qu'il lit. Ces deux qualités, la pondération et la réflexion, sont les traits les plus flagrants qui le caractérisent en toute chose : il ne se presse pas d'aboutir à un jugement ou à une conclusion, et ne se contente pas d'adopter ceux des autres. Ses opinions sont au contraire le résultat d'une étude patiente et d'une réflexion prolongée ; il note ensuite ses idées en vrac avant de les réunir et de les organiser.

 

J'ai connu en lui un homme modeste, qui ne se contente pas d'accepter les conseils qu'on lui donne, mais les sollicite avec insistance auprès de tous ceux dont le savoir et le jugement ont sa confiance, afin d'être sûr des conclusions auxquelles il aboutit. Il est toujours prêt à la discussion, et ne se refuse pas, quand on lui montre la vérité et qu'elle brille devant lui, à changer d'avis si nécessaire, à modifier, étoffer, améliorer ce qu'il a écrit, pour aboutir enfin à ce qu'il considère comme juste.

 

Tel que je l'ai connu, il cherche toujours la réforme : il ne se contente pas de définir les maux mais s'efforce de s'y attaquer et de montrer comment y remédier.

Il est toujours partisan de l'esprit de facilité et de souplesse dans l'appel à la pratique de l'Islam, en particulier en ce qui concerne les problèmes de la famille et de la société. Il ne prend pas sur lui de chercher à assouplir la Loi de Dieu, mais rencontre cette souplesse partout où il se tourne. Ce n'est pas étonnant, puisque la souplesse est l'esprit même et la substance de la charî'a.

Il a évolué, depuis sa prime jeunesse, au sein du mouvement des Frères Musulmans, et était proche de son fondateur et premier guide, l'imam martyr Hasan al-Bannâ. Il a fait partie de « l'organisation spéciale » du mouvement, qui réunissait à cette époque la crème de la jeunesse, et a été emprisonné lors d'un des procès des Frères Musulmans. Ses contacts avec ce mouvement ont été mutuellement enrichissants. Ce rôle de prédication a profondément influencé sa pensée, son tempérament et sa conduite. Mais une fois qu'il eût atteint un plus haut degré de maturité et de sagesse, il conçut des critiques éclairées quant au fonctionnement du mouvement, critiques qu'il n'hésita pas à exprimer, en particulier en ce qui concernait « l'organisation spéciale » et l'évolution qu'elle avait connue.

 

Il s'est distingué, dès le premier numéro de la revue « Le Musulman contemporain » — qu'il a grandement aidée à voir le jour, et dont il était l'instigateur — par son long article audacieux sur « La crise de la pensée musulmane contemporaine ». Cet article a révélé à beaucoup de gens sa capacité d'approfondir l'analyse et la critique, sa compréhension intime de la religion comme de la vie, — et le courage avec lequel il sait combattre ce qu'il considère comme faux, même s'il va à rencontre des idées reçues.

 

Dans le numéro suivant, il publia également une étude sur « La crise de l'éthique musulmane contemporaine ».

Ces deux articles témoignent d'un esprit brillant et éclairé et d'un sens critique aigu : c'est un homme qui vit dans son époque, la connaît et s'y engage, avec un cœur de croyant et un esprit de chercheur, et dans un désir de réforme éloigné de la démagogie et de l'imitation aveugle.

Ses lecteurs peuvent parfois ne pas être d'accord avec tout ce qu'il écrit — j'ai moi-même eu certaines divergences d'opinion avec lui, et les ai exprimées dans un article du numéro suivant de la revue — mais chacun ne peut que l'estimer et respecter sa pensée et sa sincérité.

* * *

Le présent ouvrage se situe dans la perspective d'une plus grande souplesse et d'une suppression des contraintes pesant sur la femme musulmane. Cela est justifié par le fait que la tendance prépondérante dans le monde musulman, depuis des siècles, est celle de la rigueur et de l'intransigeance vis-à-vis de la femme, et de son dénigrement.

 

Cette attitude intransigeante a deux causes :

D'une part, l'ignorance par la majorité des gens, des textes de la Révélation islamique qui encouragent la souplesse et rejettent la création de difficultés inutiles, en particulier les textes authentiques de la sounna,puisque tout le monde a accès au Coran. La sounna est en effet consignée dans les livres, et elle a été oubliée dans les recueils de toutes sortes où elle est rassemblée, tandis que l'on se préoccupait plus des questions de droit abordées dans les ouvrages des diverses écoles juridiques, que de faire connaître la sounna et ses trésors.

Le résultat de cette situation est que beaucoup de Musulmans laissent de côté des hadîth authentiques, pour s'appuyer sur des hadîth faibles ou fabriqués.

 

D'autre part, leur mauvaise compréhension des textes qu'ils connaissent : ils les utilisent hors de propos, ou en forcent le sens pour en tirer des prescriptions en manipulant les mots ou en les détachant des circonstances dans lesquelles ils ont été dits ou de leur contexte. Ou encore, en isolant ces textes du reste des prescriptions de l'Islam et de ses objectifs d'ensemble, aboutissant à des contradictions.

Les exemples sont nombreux, et nous n'avons pas la place de les citer ici.

L'auteur a bien su percevoir ces deux problèmes, et s'est donc attaché principalement à deux choses :


1. D'abord, à rechercher les textes prescriptifs, en particulier les hadîth, et à rassembler ces textes qui expriment l'esprit même de l'Islam et son attitude envers la femme. Ces textes sont abondants, riches et explicites. Il nous suffira, pour en donner une idée, de citer les titres sous lesquels l'auteur les a réunis. Ces titres, tirés de la partie du livre consacrée à la personnalité de la femme, évoquent clairement la force de la personnalité de la femme musulmane et sa connaissance de ses responsabilités :

  • Les femmes réclament au Prophète Bénédiction et salutations sur lui davantage d'occasions de s'instruire.

  • Les femmes répondent à l'appel à un rassemblement général à la mosquée.

  • Zaynab bint Jahch — la Mère des Croyants — travaille de ses mains et fait l'aumône.

  • Zaynab, épouse d'Ibn Mas'oûd, travaille de ses mains pour subvenir aux besoins de son mari et d'orphelins qui sont à sa charge.

  • Oumm 'Atiya accompagne son époux lors de six batailles.

  • Oumm Harâm aspire au martyre avec les soldats partis en mer.

  • Oumm Hânî' donne refuge à un combattant et se plaint de son frère qui s'y oppose.

  • Hafsa bint 'Omar reprend 'Abdallah ibn 'Omar.

  • Asmâ' bint Chakal surmonte sa pudeur pour s'instruire sur la religion.

  • 'Atika bint Zayd — l'épouse de 'Omar ibn al-Khattâb — insiste sur son droit d'assister à la prière en commun.

  • Oumm Koulthoûm bint 'Oqba — une jeune femme — quitte sa famille et émigre pour sauver sa religion.

  • La femme insiste sur son droit de choisir son époux.

  • La femme insiste sur son droit de se séparer de son époux.

  • Soubay'a bint al-Hârith s'informe pour acquérir la certitude.

  • Oumm ad-Dardâ' désapprouve 'Abd al-Malik ibn Marwân.

  • La femme de la tribu des Khath'am — une jeune femme — se préoccupe de faire le pèlerinage à la place de son père.

  • Hind bint 'Otba salue le Prophète Bénédiction et salutations sur lui après s'être convertie à l'Islam.

  • Zaynab bint al-Mouhâjir discute avec Aboû Bakr as-Siddîq.

  • Ouram Ya'qoûb discute avec 'Abdallah ibn Mas'oûd.



L'auteur avait d'abord l'intention de couvrir le plus grand nombre possible des recueils de sounna. Il lut et réfléchit beaucoup, et réunit une importante quantité de textes ; mais il préféra ensuite — à ce stade — ne présenter au public, de tous ces trésors, que ce qui se trouve dans les Sahîh d'al-Boukhârî et Mouslim. Il offre donc à nos regards ces perles de sagesse rapportant ce que le Prophète Bénédiction et salutations sur lui a dit, fait et approuvé.

 

Il se contente souvent de rapporter ces textes sans les commenter, car ils sont suffisamment limpides pour parler d'eux-mêmes.

Mais lorsqu'il commente les textes, pour en tirer des prescriptions, pour les expliquer, pour préférer une interprétation, ou pour les appliquer aux situations concrètes de la vie, il ne ménage pas ses peines pour exprimer ce qu'il veut dire.

 

Je voudrais indiquer au lecteur un exemple de ce que sont ses commentaires : qu'il le lise attentivement. C'est la fin de la partie fort riche où l'auteur a réuni un grand nombre de textes faisant état de la participation de la femme, aux côtés de l'homme, à la vie de la société. Il y évoque les phénomènes sociaux nouveaux qui rendent aujourd'hui indispensables ces contacts entre hommes et femmes, en des termes révélant un homme qui connaît à fond les conditions de son époque et les changements de la société où il vit. J'affirme, quant à moi, que quelqu'un qui ignore ces phénomènes sociaux apparus dans notre société, ne peut porter un jugement juste sur la question de la femme, quand bien même il connaîtrait par cœur les textes du Coran et de la sounna. Tout juriste doit savoir harmoniser obligations légales et circonstances, comme l'a dit l'imam Ibn al-Qayyim (que Dieu lui fasse miséricorde).



2. En second lieu, l'auteur s'est attaché à réfuter les erreurs de compréhension qui ont, parfois volontairement et parfois involontairement, détourné les textes de leur sens réel, et à définir les prescriptions qu'ils renferment vraiment. Cette attitude est illustrée par exemple, par son analyse de la Parole de Dieu « Restez dans vos maisons », et du hadîth dans lequel les femmes sont décrites comme « déficientes en raison et en religion ».

 

A propos du verset « Restez dans vos maisons », l'auteur écrit :

« Ce verset, comme ceux qui le précèdent et qui le suivent, s'adresse aux épouses du Prophète Bénédiction et salutations sur lui. Le fait que l'ordre de rester à la maison est limité aux épouses du Prophète Bénédiction et salutations sur lui, est confirmé entre autres par le refus de 'Omar ibn al-Khattâb de les laisser se rendre au pèlerinage — il ne les y autorisa que lors de son dernier pèlerinage. Al-Hâfidh ibn Hajr écrit : « La Parole de Dieu « Restez dans vos maisons » est un ordre véritable, adressé aux épouses du Prophète Bénédiction et salutations sur lui ». Al-Hâfidh ibn Hajr dit également ailleurs : « 'Aicha et ceux qui l'approuvaient, virent dans cette incitation à aller au pèlerinage (la parole du Prophète Bénédiction et salutations sur luiselon laquelle « le pèlerinage est pour vous les femmes le meilleur et le plus beau des jihâd ») une permission de répéter le pèlerinage, et une exception à la valeur générale de sa parole leur ordonnant la réclusion, et de la Parole de Dieu « Restez dans vos maisons ». Il semble que 'Omar était inflexible sur ce point, mais fut ensuite convaincu par ses arguments, ce qui l'amena à leur accorder cette permission à la fin de son califat.

A supposer que le verset s'applique aux Musulmanes dans leur ensemble, examinons les textes de la sounna — puisque celle-ci sert d'explication au Coran — pour voir comment les épouses des croyants appliquaient, à l'époque du Prophète Bénédiction et salutations sur lui, cet ordre de rester dans leurs maisons, et comment il ne les empêchait nullement de sortir pour participer à la vie de la société. Nous avons rapporté des centaines de hadîth tirés des Sahîh d'al-Boukhârî et Mouslim, qui mettent en évidence cette participation des femmes dans de nombreux domaines. »



L'auteur écrit encore, au sujet du hadîth « Déficientes en raison et en religion » :

« Aboû Sa'îd al-Khoudrî rapporte : Un jour de fête, celle du Sacrifice ou de la Rupture de jeûne, le Prophète Bénédiction et salutations sur lui se rendit à la mosquée ; il passa auprès des femmes et leur dit : « Femmes, ... je ne connais pas d'êtres déficients en raison et en religion, plus capables que vous de faire perdre la tête à un homme résolu... » (Rapporté par al-Boukhârî et Mouslim).

Nous considérerons ce hadîth de trois points de vue : (Nous nous contenterons quant à nous du premier, au lecteur de compléter sa lecture) :

Premièrement, du point de vue du sens général de la parole du Prophète Bénédiction et salutations sur lui : « Je ne connais pas d'êtres déficients en raison et en religion, plus capables que vous de faire perdre la tête à un homme résolu ».

 

Le texte demande à ce que l'on se penche d'une part, sur les circonstances dans lesquelles il a été prononcé, d'autre part sur les personnes à qui il est adressé, et enfin sur sa formulation, afin de comprendre sa portée sur la définition de la personnalité de la femme. En ce qui concerne les circonstances, ces paroles ont été prononcées à l'occasion d'un sermon adressé aux femmes un jour d'Aïd : peut-on imaginer que le noble Prophète, au caractère si élevé, rabaisse la dignité des femmes ou leur exprime un quelconque mépris, en cette occasion joyeuse ! Quant aux personnes à qui le discours s'adresse, il s'agissait d'un groupe de femmes de Médine (dont la plupart faisaient partie des ansâr ou Partisans), à propos desquelles 'Omar ibn al-Khattâb a dit : « Lorsque nous arrivâmes à Médine nous y trouvâmes des gens dominés par leurs femmes, et nos femmes se mirent à prendre les façons des ansâr. » Ceci explique pourquoi le noble Prophète a dit : « Je ne connais pas d'êtres plus capables que vous de faire perdre la tête à un homme résolu ». Quant à la formulation du texte, ce n'est pas celle qui convient à l'affirmation d'une règle générale ou d'une prescription à caractère général. Elle tient plutôt de l'expression de la surprise du Prophète Bénédiction et salutations sur lui devant le phénomène contradictoire de la domination des femmes, malgré leur faiblesse, sur les hommes résolus. C'est-à-dire, l'étonnement devant la sagesse de Dieu, qui donne de la force à celles que l'on croirait faibles, et fait manifester de la faiblesse à ceux que l'on croit forts. Nous pouvons donc nous demander si cette formulation n'est pas une façon de s'adresser gentiment aux femmes dans le cadre du sermon. Et s'il ne s'agit pas d'un préambule exprimé avec douceur, à un des points du sermon, comme s'il avait dit : Femmes, si Dieu vous a accordé le pouvoir de faire perdre la tête aux hommes malgré votre faiblesse, craignez Dieu et n'utilisez votre pouvoir sur les hommes que dans la voie du bien.

 

Ainsi donc, les mots « déficientes en raison et en religion » n'apparaissent qu'une seule fois, dans le cadre d'une introduction gentille à un sermon consacré aux femmes et pour attirer leur attention, mais ces mots n'ont jamais été prononcés seuls, sous la forme d'une affirmation, que ce soit devant les femmes ou devant les hommes. »

De même, l'auteur s'est employé à discuter certains points de droit importants en rapport avec le sujet, et sur lesquels de nombreux juristes se sont appuyés pour restreindre la liberté de la femme, malgré ce que démontre continuellement la sounna. On peut donner l'exemple de la question de la prévention des risques.

 

* * *

 

Pour finir, je peux rappeler que ce livre — avec tous les textes et récits authentiques, les témoignages éloquents, les conceptions éclairées et les commentaires pertinents qu'il renferme — représente une addition d'un poids et d'un mérite certains à la bibliothèque de l'Islam. Certaines personnes, influencées comme le veut la nature humaine, par leur environnement et les traditions qu'elles ont héritées, seront peut-être en désaccord avec certains détails du livre. Mais nul ne peut chercher querelle à l'esprit et à la substance de cet ouvrage, dans sa démonstration de la position de l'Islam vis-à-vis de la femme à travers l'examen des textes prescriptifs et de la voie généralement suivie à l'époque de la Révélation.

J'implore Dieu de faire que ce livre bénéficie à tous ceux qui le liront, et de récompenser l'auteur pour les efforts continus qu'il a fournis tout au long de nombreuses années, où ce travail a été sa principale préoccupation. Que Dieu nous guide tous dans le droit chemin.

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